L’orgue Stiehr en fête – Quatre siècles de compositions

Neuwiller-lès-Saverne : À l’occasion de ses 20 ans d’existence, l’association Patrimoine a récemment organisé un concert à l’église Saint-Adelphe de Neuwiller-lès-Saverne. Un événement qui a mis l’orgue à l’honneur.

L’instrument de Neuwiller-lès-Saverne fait partie d’une série d’environ 350 orgues construits par la famille Stiehr et leurs successeurs immédiats au XIXe siècle. Autant dire qu’il s’agit là d’un maillage serré du nord au sud de l’Alsace. Il est entendu que ces instruments n’ont ni les sonorités, ni le prestige d’autres plus anciens, en particulier ceux construits au XVIIIe siècle, comme ceux de Silbermann ou de Dupont de l’église catholique de Neuwiller.

Essentiellement prisés et joués dans le cadre liturgique, ces orgues plutôt récents sont, pour la plupart, en bon état parce que bien entretenus. C’est le cas de celui de Neuwiller où Marc Schaefer, organiste et organologue, a suivi la restauration assurée dans les années 1980 par l’entreprise Kern, dont un représentant était présent à ce concert, de même qu’étaient venus un assez grand nombre de ses collègues, organistes de la région.

Jusqu’au XIXe siècle Marc Schaefer avait décidé d’illustrer des périodes, donc des styles assez différents depuis pratiquement les débuts et jusqu’au XIXe siècle. Avec une mélodie strasbourgeoise annoncée et ensuite interprétée dans toute sa sobriété d’époque renaissante, Marc Schaefer a traversé les quelques siècles avec des compositions brèves ou longuement développées comme l’impressionnante Toccata en quatre mouvements de G. Muffat, ou une étonnante oeuvre, quasi dansante, de la main d’un prieur de l’abbaye d’Ebersmunster, C. Harst. Toute la deuxième partie a fait la part belle à des oeuvres du XIXe siècle, période où cet orgue a été construit. Ces compositeurs, aussi bien catholiques que protestants, ont à l’évidence sacrifié à l’académisme ambiant et aux leçons apprises, avec plus ou moins de bonheur. Nombreux et prolixes, parmi eux, L. Meyer, T. Stern, et J.L. Battmann, s’en sont donné à coeur joie, allant jusqu’à faire gronder l’orgue et évoquer des orgues de barbarie.

Une mention spéciale revient à L. Boëllmann, né en Alsace, mais ayant surtout fait carrière à Paris, avec sa Prière à Notre-Dame, extraite de la très célèbre « Suite Gothique ». Une occasion de faire chanter l’instrument avec ses possibilités de registration que Marc Schaefer a judicieusement maîtrisées. Tout au long de ce concert, les auditeurs ont pu bénéficier d’introductions fournies par Michel Schmitt, auteur d’un ouvrage à paraître sous peu L’Alsace et ses compositeurs. Les références à cet ouvrage ainsi qu’à un CD d’oeuvres pour piano de J.J. Werner se trouvent sur le site de Musiques au pays de Hanau ici.

Source : DNA Edition de Saverne 11 mars 2015    en photo: Marc Schaefer au clavier de l’orgue Stiehr. PHOTO DNA