Fidèles à leur vocation, les huit instrumentistes ont enchaîné trois compositions d’origines géographiques, de périodes, de répertoires et de styles très variés.
Déjà venu à plusieurs reprises à Neuwiller-lès-Saverne ou dans les communes environnantes, l’octuor Auentos a su convaincre un nombre respectable d’auditeurs à se déplacer en ce dimanche après-midi. Au programme, W.A. Mozart, le compositeur baroque autrichien, dont le diver t imento en mi -bémol majeur rappelait avec bonheur la richesse mélodique et harmonique de cette oeuvre connue, conçue initialement pour cette formation. Mais aussi Gordon Jacob, compositeur, arrangeur et chef d’orchestre anglais du XXe siècle, avec un Divertimento aux accents résolument audacieux, mais aussi chargé de souvenirs de répertoires plus anciens. Puis Serge Prokofiev, compositeur né en Ukraine (le clin d’oeil de sympathie ne pouvait pas échapper aux auditeurs) à la fin du XIXe siècle, avec une série d’extraits du ballet Roméo et Juliette. C’était là la pièce maîtresse de ce concert, mettant en valeur, à la fois la volonté d’Auentos de ne pas s’enfermer dans une exclusivité baroque et de faire des choix de grande difficulté, donnant toute la mesure à chacune des familles d’instruments (hautbois, clarinettes, bassons et cors). Magnifique réussite due au foisonnement de la composition ainsi qu’aux qualités musicales des musiciens : justesse, précision des entrées et des conclusions de phrases, dialogues en écho, présence affirmée ou plus discrète de chacun des instruments étaient impeccablement au rendez-vous. D’occasionnelles réminiscences inattendues, y compris de la Renaissance, comme dans le mouvement intitulé « madrigal » (un hommage lointain à l’oeuvre de Shakespeare) ajoutait au plaisir de l’écoute. On peut retenir, emblématiquement, « Montaigu et Capulet » ou « La Danse des chevaliers », repris en bis, et sans doute évocateur de citations de l’oeuvre aussi bien dans un indicatif d’une émission de France Musique, que de reprises par des ensembles de rock, dans des musiques de films ou de publicité pour des parfums. Hommage sans doute inattendu, mais qui en explique la popularité. C’est là une raison supplémentaire de savoir gré à l’octuor Auentos d’avoir inscrit cette oeuvre à son programme.
Pierre BOULAY