Tantôt à cinq, tantôt à trois et en solo, les cinq instrumentistes de l’Académie supérieure de musique de Strasbourg ont servi, avec talent et conviction, un répertoire d’une belle diversité.
On est d’emblée frappé par la présence de cette phalange d’interprètes qui, à cinq (seulement), crée une impression de masse musicale. De même que les quelques intrusions dans le domaine moderne et contemporain « passent » très aisément, sans doute même aux oreilles d’auditeurs moins familiers de ce mode d’écriture.
Pour la deuxième fois consécutive, Musiques au Pays de Hanau faisait appel à de jeunes instrumentistes. Ceux venus à Neuwiller ce dimanche étaient issus de pays différents (France, Espagne, Amérique Latine, Japon), comme se plaisait à le souligner leur professeur de musique d’ensemble. Variété d’origine, mais égal souci de qualité d’interprétation et de travail de groupe apparaissaient à l’évidence.
Une pièce pour cor solo occupait généreusement les voûtes de l’église Saint-Adelphe et donnait toute la mesure du talent affirmé d’Ali Gonzales. Une autre pour flûte seule démontrait combien Coline Charnier savait rendre hommage à l’amplitude audacieuse d’une pièce difficile et exigeante d’Edgar Varèse.
Audace harmonique
Les cinq pièces en trio de Jacques Ibert et le Divertimento n° 4 de W.A. Mozart alternaient des phrases d’une douce amabilité et d’autres astucieusement fuguées. Les trois autres compositions au programme faisaient intervenir l’ensemble des instrumentistes, en dehors de ceux déjà cités, Aurélien Laizé au hautbois, Hitomi Ue à la clarinette, et Hector Gomez Vadillo au basson. L’audace harmonique, les changements d’atmosphère (des phrases dansantes, mais aussi des mélodies sur le mode du cantus firmus) de la Kleine Kammermusik de Paul Hindemith, la diversité rythmique, des lignes mélodiques rappelant des airs populaires (joliment titrées « Ouvrage de dame ») d’Elsa Barraine, compositrice contemporaine décédée à Strasbourg, et, en conclusion, la très impressionnante transcription pour quintette de Ma Mère l’Oie de Maurice Ravel ont constitué l’essentiel de cette belle après-midi musicale qui, au dire des musiciens, leur a donné l’envie de redonner ce programme construit de toutes pièces pour la circonstance. Les nombreux auditeurs venus les écouter ne s’en plaindront pas et sauront le dire autour d’eux.