Trois siècles de musique de chambre pour quatuor à cordes et clarinette

Le remarquable quintette Pente Tria a illustré trois époques différentes par un programme allant de W.A. Mozart à Toshio Hosokawa, dimanche à l’église Saint-Adelphe de Neuwiller dans le cadre de Musiques au pays de Hanau.

Toshio Hosokawa, compositeur japonais souvent présent en Allemagne, titrait son oeuvre «Herbstlied » (chanson d’automne), ce qui pouvait laisser penser à des sonorités évoquant la nostalgie de la saison ou du temps. Il n’en était rien. Loin non seulement des compositions européennes classiques mais même contemporaines, les premières notes, à peine perceptibles, marient le silence et la musique avec finesse et nuances. Toute l’oeuvre obéit d’ailleurs à ce principe, bien que l’ambiance passe aisément d’accords qui se superposent à d’autres qui glissent, tantôt inquiétants, tantôt apaisés à travers d’inattendus accords classiques.
La précision du jeu et le respect de l’écriture sont pour beaucoup à ce qu’il peut y avoir d’attachant dans cette musique si peu familière. La fin de la composition s’éloigne, comme elle est venue, passant d’un piano à un silence dont on ne sait pas bien quand il commence. Les deux oeuvres très attendues, le quintette en la majeur de W.A. Mozart et celui en si mineur de J. Brahms, toutes deux très connues, ont tenu toutes leurs promesses. Mozart, en des mouvements assez brefs, contrastés à souhait, distribuant les mélodies entre les cordes et la clarinette et Brahms, longuement développée, archétype de l’oeuvre romantique, avec ses bouffées lyriques parfois poignantes.

Le risque des oeuvres très connues

Interpréter des oeuvres très connues présente à la fois l’avantage de bénéficier d’une grande attention et le risque de la comparaison avec des enregistrements célèbres. L’indiscutable qualité d’interprétation du quintette Pente Tria le range, sans l’ombre d’un doute, parmi les grands. Bien que née récemment, cette formation a trouvé ses marques, ce qui n’allait pas de soi pour des instrumentistes aux parcours si différents, mais tout compte fait très complémentaires. Issus de formations symphoniques (Johannes Blumenroether, violoniste, et Ayano Kamei, altiste), d’un orchestre baroque (Anna K. Schreiber au violon) et d’un ensemble de musique contemporaine (Asa Akerberg au violoncelle et l’infatigable et toujours admirablement précise Shizuyo Oka à la clarinette), ils sont à l’écoute les uns des autres et ajoutent magnifiquement leurs compétences pour un résultat qui a enthousiasmé à juste titre les auditeurs de l’église Saint-Adelphe de Neuwiller pour ce deuxième concert de la saison de Musiques au pays de Hanau. P.B

source: DNA Edition de Saverne 10 juin 2015