Un beau feu d’artifices en clôture

C’était là un beau projet de l’ensemble vocal Filigrane et de son chef Jean-Philippe Billmann que de célébrer une journée de vie humaine par un répertoire choral d’une remarquable fraîcheur.

Les voûtes de l’église Saint-Adelphe ont pu jadis résonner des chants grégoriens d’offices à horaires fixes, dont on trouve de magnifiques traces dans les livres d’heure de la fin du Moyen Âge. Le concert de dimanche, tout en reprenant ce rythme horaire, associait le sacré et le profane. Une journée, donc, dans une vie humaine avec ses petites et grandes occupations : prière du matin, repas, rencontres et mariage, fin de journées….
L’ensemble vocal Filigrane et son chef, secondés par moments par le talentueux accompagnement au piano de Marie Stoecklé, ont su, avec un très grand professionnalisme, entraîner leur auditoire exceptionnellement nombreux, sur ces chemins de vie.

Surpris et enthousiasmé

Leur répertoire est tiré aussi bien d’oeuvres de compositeurs classiques (Mendelssohn, De Falla..) que de chants traditionnels anciens et plus proches de nous de pays divers, et de chansons de notre temps, y compris du music-hall. Il a de toute évidence, à la fois surpris et enthousiasmé les personnes présentes qui ne s’attendaient sans doute pas à tout cela.
Variété des séquences (avec, linguistiquement, une dominante anglaise), passage de moments d’exubérance à d’autres marqués par une intériorité tout en finesse admirablement servis par un ensemble de voix jeunes qui sait, à tout moment, s’adapter à la demande, sens du rythme (contagieux, à en voir les réactions du public) et timbre en plus de l’absolue justesse : voilà de précieuses et enviables qualités qu’on ne croise pas tous les jours sur son chemin. Ce véritable engagement physique était, à tout instant, porté et précédé par Jean-Philippe Billmann, qui n’oublie aucun détail d’écriture musicale et dont le sourire, la précision et la gestuelle expliquent cette réussite qui n’a échappé à personne. Ceux qui, reconnaissant au passage quelques grands succès d’hier (Tourdion, Déjà mal mariée, Greensleeves) ou d’aujourd’hui (Jericho, Alright,…) qu’ils ont pu entendre ailleurs ou chanter eux-mêmes n’ont pu qu’être sensibles à la façon de “revisiter “et d’interpréter avec minutie toutes ces mélodies. Ainsi le dernier concert de 2014 de Musiques au pays de Hanau aura été un beau feu d’artifices dont on peut raisonnablement espérer qu’il laisse augurer une nouvelle saison en 2015, à l’image de cette dynamique réussite.

Pierre BOULAY
DNA Edition de Saverne 13/11/2014