Un concert-méditation de la Semaine Sainte a attiré un public très nombreux à l’église protestante de Bouxwiller. 

L’expérience avait été tentée, et réussie, précédemment par Musiques au Pays de Hanau. Frédéric Schwab, originaire de Neuwiller, s’était entouré de musiciens amis, cette fois-ci l’organiste Jean-Baptiste Lasserre. Le programme était, de façon bien compréhensible, inspiré par les thèmes de ce temps liturgique, alternant passages chantés et pièces pour orgue seul. Diverses traditions étaient représentées, ainsi le Stabat Mater de Vivaldi et une Leçon des ténèbres de Couperin s’inscrivaient dans l’écriture catholique en latin d’église, les pièces d’orgue de J.P Sweelinck, G.Böhm et D. Buxtehude représentant la tradition protestante, en particulier le choral. Le Stabat Mater est l’une des ressources les plus exploitées, au fil des siècles et il été illustré par des compositeurs baroques, romantiques comme Dvoràk et Rossini et contemporains comme Arvo Pärt. Celui au programme, de Vivaldi en version réduite pour voix et orgue à partir d’une partition pour orchestre, reposait entièrement sur ce dialogue poignant entre les deux musiciens. La première Leçon des Ténèbres de Couperin qui déroule le fil des lamentations devant la destruction de Jérusalem avait été précédée par les Impropères, reproches adressés par Dieu à son peuple. Si une partie de la liturgie catholique de la Semaine Sainte était encore pratiquée dans les années 1950 à 1960, y compris dans nos paroisses de villages, elles sont tirées de l’oubli par des concerts comme celui-ci. L’unité des pièces au programme reposait sur des caractéristiques communes, comme celle de l’ornement : variations sur un choral à l’orgue ou autour d’un amen (Vivaldi) ou des lettres hébraïques en ouverture de la Leçon des ténèbres de Couperin, à la manière du traitement des lettres initiales de manuscrits anciens. Jean-Baptiste Lasserre a su tirer le meilleur profit des ressources de l’instrument, l’orgue Silbermann qu’il découvrait avec ravissement, comme l’a bien montré la richesse des registrations dans Sweelinck. Frédéric Schwab enrichit et diversifie constamment son répertoire, ainsi qu’on peut s’en rendre compte à l’écouter depuis des années et se réjouir de l’évolution de sa carrière musicale. Les auditeurs se sont montrés particulièrement attentifs et concentrés, réservant leurs chaleureux applaudissements seulement à la fin de ce concert-méditation du Vendredi Saint. P.B.