Un hommage de Jean-Jacques Werner à Pierre Wisszmer

Elle a fêté trois décennies d’existence. En musique, bien sûr ! L’association Musique au Pays de Hanau y associait l’orchestre de chambre La Follia pur un concert donné exceptionnellement à Strasbourg. La présence de La Follia, l’orchestre de chambre d’Alsace, pour ce concert fêtant les trente ans de l’association Musique au Pays de Hanau, a expliqué en partie sa délocalisation à l’église Saint-Thomas de Strasbourg, mais la soirée réunissait, il y a quelques jours, les mélomanes strasbourgeois et ceux de la région de Saverne et de Neuwiller, centre habituel de son activité.

Le compositeur Pierre Wissmer, né à Genève en 1915, a été à la Schola cantorum de Paris, avec Daniel-Lesur, un des mentors du compositeur Jean-Jacques Werner, revenu en Alsace après une carrière parisienne de chef d’orchestre et de pédagogue.

Un certain esprit d’indépendance…

Ces néoclassiques pas inféodés au sérialisme cultivent un langage clair dont témoignaient un concertino pour piano et une pièce pour cordes du premier, trois études pour clavier du second. Jean-Jacques Werner pour sa part manifeste l’esprit d’indépendance de son écriture dans la création de ses deux poèmes d’Eluard dédiés à Jeannette et à Pierre Boulay, le président d’honneur de Musique au Pays de Hanau, qui trouvèrent leur pendant dans les quatre poèmes de Charles Cros, une partition de Pierre Wissmer qu’il a orchestrée, ou dans Diotima , amplification d’un mouvement de quatuor à cordes de sa propre facture. Dans le florilège très éclectique que constituait le programme, la voix était, de même que l’orchestre et le piano, à l’honneur la mezzo Brigitte Balleys, fit valoir dans l’impressionniste Il Tramonto ( Le Couchant du soleil ) de Respighi, un timbre chaud qui convenait autant aux autres mélodies à l’affiche.

Un Bach très réussi

Et à côté d’un andante K.616 rappelant le passage de Mozart à Saint-Thomas, interprété par l’organiste titulaire Daniel Leininger, Daniel Spiegelberg depuis longtemps très actif dans l’association, et ancien professeur aux conservatoires de Genève et de Lausanne, affirma à plein le rôle du clavier à travers toute sa participation à ce concert.

Dans le concertino Croisière de Wissmer, le flûtiste Frédéric Werner, un des fils du chef, partagea judicieusement avec le pianiste le rôle soliste. Philippe Lindecker, violon solo de l’OPS, pour l’occasion exceptionnellement le Konzertmeister de l’orchestre La Follia – la formation tint tout au long du concert très fidèlement la place qui lui était assignée –, s’est joint au flûtiste et au pianiste pour un cinquième concerto brandebourgeois de Bach très réussi, où la grande cadence prit l’ampleur qu’elle peut avoir dans les grands moments.

Le public a partagé avec les interprètes l’esprit de la fête.

 

DNA – Marc MUNCH